Introduction
Malgré la multiplication des réponses sécuritaires dans l’espace sahélosaharien, celles-ci, même si elles sont nécessaires, ont démontré leurs limites, en partie car elles traitent les symptômes plutôt que les nombreuses causes endogènes, transnationales ou exogènes qui génèrent et nourrissent la violence. Les phénomènes de violence et d’extrémisme violent sont complexes, diffèrent d’une région à une autre et appellent des réponses spécifiques à chaque contexte. C’est dans la transformation des conditions propices à la violence par un véritable investissement dans la construction de la paix et du vivre-ensemble en paix que repose la clé. C’est en tout cas la conviction qui se conforte depuis le lancement de l’initiative des Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent.
Cependant, ces pratiques et facteurs de résistance et de résilience et les expériences réussies qui proposent des alternatives concrètes et crédibles à la violence restent trop peu étudiés et valorisés sur le continent et au-delà. Et en même temps, globalement, l’extrémisme violent continue de gagner du terrain, au sens propre et figuré : cela doit nous interpeler en termes d’efficacité des réponses apportées.
C’est précisément pour créer un espace d’échange et d’appropriation de l’approche de prévention de la violence dans l’espace sahélo-saharien que l’Institut international pour la paix (IPI), le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de la Suisse et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) de l’Union africaine ont organisé, avec le soutien du gouvernement algérien, la troisième édition des Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent.
Ouverte officiellement par le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, cette rencontre a réuni plus de 70 experts et praticiens venus de l’Afrique du Nord, de l’Ouest et centrale : des représentants des gouvernements et des forces de défense et de sécurité, des autorités politiques, religieuses et traditionnelles, des membres de la société civile, des chercheurs et des représentants des médias et d’institutions culturelles, ainsi que des représentants des organisations régionales et internationales et des partenaires.
Les Conversations régionales ont été initiées en 2016 en lien avec le lancement du Plan d’action du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention de l’extrémisme violent qui appelle à la nécessité « d’adopter une approche plus globale, qui comprenne non seulement les mesures essentielles de lutte contre le terrorisme axées sur la sécurité mais aussi des mesures de prévention systématiques qui s’attaquent directement aux causes de l’extrémisme violent ».
A travers sa dimension régionale et sa participation diversifiée, cette initiative propose un espace informel d’échanges sur la prévention de l’extrémisme violent, et construit et renforce des passerelles entre acteurs d’horizons professionnels divers et des initiatives positives régionales qui constituent des alternatives concrètes à l’extrémisme violent. Le dialogue est au cœur de la démarche de cette initiative.
Sur la base de la richesse des vécus et des pratiques de participants venus de divers horizons africains, les discussions d’Alger portèrent dans un premier temps sur l’analyse des causes de l’extrémisme violent et des facteurs qui y contribuent. Puis elles traitèrent des facteurs de résilience et des facteurs de paix positive, et enfin des actions concrètes et multiples de prévention de la violence engagées par différents acteurs de la région afin de « renverser la table » et sortir de la spirale de violence.
La nécessité de formuler des recommandations concrètes par et pour les praticiens de la région a guidé ces Conversations autour de thématiques identifiées comme essentielles lors des précédentes Conversations : les relations État-citoyen et gouvernants-gouvernés ; la participation politique ; le dialogue inclusif comme outil de transformation de la violence ; les dynamiques socio-économiques et politiques transfrontalières ; la contribution des médias aux efforts de prévention ; celle des forces de défense et de sécurité ; et le potentiel de la culture, de l’éducation et de la citoyenneté en tant qu’outils de prévention.